Yves LAYEC
Pratique l’apiculture, depuis longtemps, dans le Nord-Finistère. Actuellement, bon an mal an, une cinquantaine de ruches Dadant
10 cadres en ruchers sédentaires. Pratique élevage de reines avec des abeilles du Finistère.
Membre des conseils d’administration du GDSA (Groupement de défense sanitaire apicole) du Finistère, et de la FNOSAD (Fédération Nationale des Organisations Sanitaires Apicoles Départementales).
Que faire en cas de fièvre d’essaimage ? La bonne question ! Je n’ai pas de solution toute faite. La situation peut être diverse et les décisions à prendre ne sont parfois ni simples ni évidentes. Ce peut être une excellente colonie et ce serait bien de conserver autant que possible la souche ; ce peut être une colonie pas terrible, ou même essaimeuse, et alors... Voici quelques options qui sont très semblables...
- 1. Il n’y a pas de « cupules », pas d’amusettes, s’il y en a elles sont vides et sèches : tout est OK.
- 2. Il y a des cupules ou des amusettes. Et dans quelques-unes un œuf est pondu. Ces cupules sont détruites. Et un cadre (au moins) de couvain operculé couvert d’abeilles est retiré de la ruche, (si possible sans la reine) et placé dans une ruchette pour faire un essaim artificiel ; il est remplacé par une cire gaufrée en rive de couvain. Soit on ajoute une reine dans la ruchette, soit on laisse les abeilles élever une reine.
- 3. Il y a des cellules de reines non operculées mais pas encore de cellules operculées. La reine est encore présente. Si possible retirer la reine avec un cadre couvert d’abeilles et ne laisser qu’une cellule.
- 4. Il y a des cellules de reine déjà operculées et d’autres non encore operculées, mais encore pas mal d’œufs. La reine est probablement encore dans la ruche. Il y a aussi beaucoup d’abeilles. Si on voit la reine elle est mise avec un cadre d’abeilles (sans cellules de reine) dans une ruchette, sinon, tant pis. Le reste de la colonie peut être divisé en 3 en faisant en sorte qu’il y ait une cellule et une seule par nucleus.
- 5. Il y a des cellules de reine et il n’y a plus, ou pratiquement plus, de couvain. L’essaimage a sans doute eu lieu et la reine n’est probablement plus dans la ruche. On peut diviser la colonie en deux, en ne laissant qu’une cellule par nucleus. Mais on peut aussi laisser la colonie complète en ne laissant qu’une cellule, cela dépendra aussi de la quantité d’abeilles restantes.
- 6. Une cellule de reine est ouverte : une reine a émergé et se trouve dans la ruche. Tant pis. On peut détruire ou récupérer les autres cellules ou procéder comme en 5…
Jean-Paul DEMONCEAU
A découvert l’apiculture très tôt (20 colonies dès l’adolescence). Elève aujourd’hui une centaine de colonies pour la récolte de miel en transhumance. Pratique une apiculture intensive. Son objectif : un minimum de colonies de production pour une récolte maximale. Président de la section d’apiculture de la Berwinne (Belgique).
Dès l’apparition des premiers signes de fièvre d’essaimage, j’insère entre le plancher et le corps de ruche une hausse avec des cadres surmontée d’une grille à reine. L’essaim ne peut ainsi s’échapper mais ça implique une visite hebdomadaire des colonies pour supprimer les cellules royales. Dès la fin de la fièvre d’essaimage je supprime cette grille intermédiaire et la colonie fonctionne normalement. Pas de pertes d’abeilles et récolte maximale.
Nicole RUSSIER et Bertrand THERY
Couple d’apiculteurs en Ariège (France). Ont conduit pendant 40 ans 400 ruches de 1985 à 2013 en production de miels de la flore sauvage des Pyrénées (acacia, tilleul, rhododendron, châtaignier, sapin, bruyère callune). Poursuivent leur activité mais de manière réduite aujourd’hui.
Nous détruisons systématiquement les cellules royales une fois par semaine tant qu’elles perdurent : 3 à 4 semaines en général. Point important, nous n’allons pas sur le colza. Pour nous, faire des essaims sur ces colonies ne calme pas la fièvre d’essaimage mais les handicape sur la miellée d’acacia qui suit.
François RONGVAUX
Apiculteur depuis plus de 50 ans. Enseignant et conférencier apicole. Directeur de l’école d’apiculture des Ruchers Sud-Luxembourg (Belgique). Eleveur de reines Buckfast depuis plus de 20 ans. Co-organisateur de la fête du miel à Saint-Léger. Vice-président de la Fédération d’apiculture de la Province de Luxembourg.
Je vois 3 possibilités :
- 1. Laisser faire si l’on est sûr de récupérer l’essaim qui sera enruché à la place de la souche, laquelle est déplacée et sa hausse déposée avec les abeilles (sans cellules royales ! ce qui est le cas si l’on travaille avec grille à reine) sur l’essaim. La souche va perdre ses butineuses au profit de l’essaim et la 1ère reine née supprimera les autres cellules royales. Surveiller néanmoins si le temps n’a pas été favorable et après quelques jours, supprimer alors toutes les cellules royales sauf une proche de la naissance.
- 2. Supprimer les cellules royales (chez l’abeille Buckfast notamment) deux fois de suite à 7 jours d’intervalle (surtout ne pas en oublier) et donner de la place (hausse supplémentaire ou cadres à bâtir. A la 3ème fois, si la colonie persiste, passer à la formule n°3.
- 3. Enlever la reine et après 5 jours et tous les jours suivants, le soir, écouter le chant des reines. Dès qu’il se produit, on supprime alors toutes les cellules royales (une jeune reine est née !) en secouant tous les cadres pour faire tomber les abeilles et ne pas oublier une cellule royale (sinon, l’essaim s’envolera le lendemain avec la jeune reine).
François GODET
Apiculteur inspiré par le respect des abeilles et de leurs besoins. Rucher en reconversion Dadant 10 cadres vers des Warré auto-construites dans la Province de Namur (Belgique). A foi en la vitalité naturelle des colonies. Apiculteur depuis 2012. Élève une vingtaine de colonies réparties sur 3 ruchers.
La première chose que je fais est me réjouir ! En ces périodes de mortalité de colonies, constater la santé et vitalité d’une ruche est une bonne nouvelle. Ensuite, je raisonne en terme de conduite de colonies et je vois deux cas de figures : les colonies réformées et les « surprises ».
Les colonies réformées sont des colonies dont la reine pondait trop peu pour une ruche de production et que j’ai délibérément placées dans des ruches confinées afin de faire essaimer la veille reine. Je laisse donc essaimer et je place ensuite un nouvel élément sous l’existant pour permettre à la nouvelle colonie de se développer en vue de l’hivernage.
Les « surprises » sont également des joies que je gère par la constitution d’essaims artificiels. Je place un élément vide en bas de la ruche. Par enfumage, j’y fais descendre toute la colonie. J’introduis ensuite une grille à reine. Deux heures après, je sépare les deux éléments, la reine étant dans l’élément du bas, les cellules royales dans celui du haut, les abeilles s’étant réparties.
Michel PONCELET
Apiculteur depuis 60 ans. Partisan inconditionnel des divisibles et de la Langstroth-Simplicity en particulier. S’occupe de deux ruchers d’une quinzaine de colonies pour la production de miel et l’élevage de reines. Membre actif du rucher expérimental Houille-Lesse-Semois (Belgique). Biologiste. Enseignant et conférencier apicole.
Je déplace la souche à quelques mètres et je mets à sa place une ruche vide.
Je prélève dans la souche 3 ou 4 cadres de couvain avec abeilles, sans la reine et sans cellule royale operculée et je les place dans la ruche vide. Je complète par des cires. La hausse reste en place. Je nourris (légèrement) la souche s’il n’y a pas de miellée.
8 jours plus tard, je permute : je remets la souche à sa place d’origine et j’ajoute une hausse. Le nucleus est placé à la place de la souche.
Dans l’impossibilité d’essaimer, la fièvre d’essaimage aura disparu et la reine aura recommencé sa ponte : physiologiquement, la colonie est guérie, preuve en est qu’elle aura détruit les cellules royales.
Marc EYLENBOSCH
Apiculteur depuis 20 ans par plaisir. S’occupe de 15 à 20 colonies dans le Brabant Wallon (Belgique). Transmet ses connaissances en compagnonnage et au rucher école de la SRABE (Bruxelles). A un profond intérêt pour les plantes mellifères.
Dans ma pratique, je constate que j’ai assez peu de colonies qui entrent en fièvre d’essaimage. Je veille à agrandir à temps l’espace vital (pose de hausse) et mes ruches sont toutes pourvues d’une hausse avec cadres bâtis placée sous le corps de ruche. Une ruche qui n’est pas trop à l’étroit essaimera moins vite me semble-t-il. En saison d’essaimage (mai à juillet) je visite rapidement mes colonies toutes les semaines. Si je vois des cellules royales, je les détruits et je place une grille à reine entre le corps de ruche et la hausse placée sous le corps. Ainsi, si je loupe une cellule royale, cela me laisse encore une semaine de répit pour intervenir car si une reine voulait essaimer elle serait retenue par la grille à reine. Depuis quelques années que j’applique cette méthode que Jean-Paul Demonceau m’a apprise, je n’ai plus jamais perdu d’essaim. La sélection de reines peu essaimeuses participe certainement à ce résultat. La division des colonies essaimeuses pour lutter contre l’essaimage me semble contre-productif car ce faisant on sélectionne les souches essaimeuses.
Elisabeth BRESSON
Apicultrice professionnelle depuis plus de 30 ans dans le Gers (France). Travaille en GAEC avec son fils Benjamin depuis 2012. A l’exploitation : 500 ruches, 300 ruchettes et
150 nuclei de fécondation. Pratique l’élevage de reines. Production de miel (principalement)
et d’essaims.
La note que nous avons placée sur les toits des ruches nous sert à repérer rapidement les ruches fortes. Nos ruches sont toutes équipées de grilles à reines. Nos reines sont marquées et clippées et des indications sur la génétique et l’âge de la reine sont inscrites sur une fiche sur le couvre cadre.
Après avoir trouvé la reine et l’avoir isolée dans une pince à reine, nous prélevons 2 à 3 cadres de couvain avec des abeilles en fonction de la vigueur et de la fièvre. Toutes les cellules royales sont détruites. Les cadres gaufrés qui viennent en remplacement des cadres de couvain sont placés en bordure de couvain. La reine est libérée dans sa ruche. Nous notons sur la fiche l’intervention effectuée pour pouvoir sélectionner les meilleures origines. Durant cette période de fièvre nous intervenons tous les 8 jours.
Les cadres de couvain prélevés sont placés dans des ruchettes qui sont rapportées sur les ruchers de fécondation. Une cellule royale provenant de nos élevages sera introduite le lendemain.