Contamination de la cire

Présentations des résultats des projets de recherche menés par l’ULiège sur la toxicité des cires

Le service d’Épidémiologie et d’analyse de risques appliquées aux sciences vétérinaires de la faculté de médecine vétérinaire de l’ULiège travaille depuis 2016 sur la problématique de la toxicité de la cire. Ils communiquent leurs résultats dans une récente publication et proposent aux apiculteurs un outil de calcul de la toxicité des cires : Bee Tox Wax.

Plusieurs projets successifs conduits par Noëmie El Agrebi et l’équipe de l’ULiège ont été financés par la Région Wallonne.

Bee Tox Check

Bee Tox Check (dossier n° D32-0286 – 01/05/2016-31/12/2017) était une étude destinée à évaluer la présence de résidus de contaminants chimiques dans les cires et l’impact des pesticides sur la santé des abeilles. En quelques mots, qu’a révélé cette étude, publiée en 2019 ? (El Agrebi, N., Wilmart, O., Urbain, B., Danneels, E. L., de Graaf, D. C., & Saegerman, C. (2019). Belgian case study on flumethrin residues in beeswax : Possible impact on honeybee and prediction of the maximum daily intake for consumers. Science of the total environment, 687, 712-719) :

  • Outre des résidus de produits phytosanitaires, des produits vétérinaires utilisés par les apiculteurs dans la lutte contre le varroa se retrouvent dans la cire ;
  • Les cires du commerce utilisées par les apiculteurs sont parfois lourdement contaminées ;
  • Les concentrations en produits phytosanitaires diffèrent fortement selon les provinces.

Bee Tox Wax

Dans la continuité de Bee Tox Check (dossier n° D32-0378 – 01/01/2019-28/02/2020), le projet Bee Tox Wax avait les objectifs suivants :

  • Développer un outil d’interprétation de la qualité des cires dans la perspective d’une contamination par les pesticides ;
  • Développer des outils de sensibilisation des apiculteurs et des autres parties prenantes aux contaminations aux pesticides, avec pour objectifs d’estimer l’effet des pesticides sur les larves d’abeilles et de modéliser les migrations de la cire dans les différents compartiments de la ruche ;
  • Aider à la mise en place d’un cahier des charges « cire de qualité différenciée » (pouvant émarger au système régional de qualité différenciée).

Ce projet aboutit à la publication de 2020 (El Agrebi, N., Traynor, K., Wilmart, O., Tosi, S., Leinartz, L., Danneels, E., … & Saegerman, C. (2020). Pesticide and veterinary drug residues in Belgian beeswax : Occurrence, toxicity, and risk to honey bees. Science of The Total Environment, 141036) qui est traduite et vulgarisée par les auteurs dans ce document qui vulgarise la publication scientifique :


« Résidus de pesticides et de traitements vétérinaires dans la cire d’abeille en Belgique : présence, toxicité et risques pour les abeilles mellifères »


Légende : % d’échantillons contaminés par type de cire en fonction du nombre de résidus de pesticides trouvés dans chaque échantillon (source : N.El Agrebi)

Les chercheurs notent « l’omniprésence de pesticides dans tous les types de cire » échantillonnés. L’insecticide d’origine agricole chlorfenvinphos est pointé tout particulièrement par la difficulté qu’il y a à expliquer sa présence dans les cires belges. En ce qui concerne les résidus de traitements vétérinaires d’origine apicole, c’est le tau-fluvalinate et le coumaphos qui ont la prévalence la plus forte, tous types de cire confondus. Sans grande surprise, la cire d’opercule est la moins contaminée. Chaque substance active est détaillée dans un tableau de synthèse.

Les chercheurs formulent quelques recommandations.

Pour les apiculteurs :

  • Remplacer plus fréquemment les cires de corps qui ne devraient pas être recyclées ;
  • Travailler idéalement en circuit fermé ;
  • Traiter à base d’acides dans la lutte contre varroa.

Pour les ciriers :

  • Utiliser plus de cire d’opercule ;
  • Utiliser de la cire préalablement testée.

Pour le secteur phytopharmaceutique :

  • Prendre en compte la durée de vie et les propriétés lipophiles des pesticides mis sur le marché ;
  • Déterminer les effets synergiques potentiels sur la santé des abeilles ;
  • Introduire des limites maximales de résidus (LMR) pour la cire à usage apicole ;
  • Réévaluer la toxicité du tau-fluvalinate.

Le projet Bee Tox Wax aboutit aussi à la mise à disposition des apiculteurs d’un outil destiné à calculer la toxicité des cires ayant été soumises à une analyse de pesticides.


Document de présentation de l’application Beetoxwax

Quali Wax

Le projet Quali Wax fait suite aux deux premières études. Il vise à diminuer l’impact des contaminations / adultérations dans les cires d’abeilles » (dossier n° D32-0443 – 01/03/2020-28/02/2022) pour :

  • affiner les connaissances sur la qualité des cires wallonnes et d’importation, qu’elles soient issues du recyclage des apiculteurs wallons ou du commerce, du double point de vue de l’adultération et des contaminations par les pesticides ;
  • améliorer l’outil « Bee Tox Wax », notamment en l’associant à une base de données analytiques évolutive et en affinant les quotients de risque en fonction de l’évolution des connaissances scientifiques ;
  • améliorer la qualité de la cire dans la filière apicole wallonne, notamment en identifiant les points critiques de la filière, en proposant des moyens d’action et en élaborant un cahier des charges qui pourrait mener à une labellisation officielle (qualité différenciée) ;
  • confirmer et étendre les résultats de Bee Tox Wax sur l’impact de la qualité des cires sur le bâtissage par les abeilles et la santé des colonies ;
  • déterminer l’influence de l’exposition des abeilles aux cires contaminées / adultérées sur les niveaux d’expression génique ; l’analyse génomique s’effectuerait en collaboration avec l’UGent ;
  • suivre l’évolution des contaminations des cires wallonnes et l’évolution des pratiques en fonction – et à l’aide – des outils mis en place par le projet.