API : En bref…

Agnès FAYET

… l’apithérapie

La reconnaissance des effets des produits de la ruche sur la santé est aujourd’hui avérée grâce à de nombreux essais cliniques. Ils sont dès lors utilisés comme aliments santé, comme compléments alimentaires mais aussi comme substances actives dans l’industrie pharmaceutique. Le progrès des techniques de conditionnement associés à de nouveaux protocoles de traitements, à des pathologies bien définies et à des dosages précis a permis cette percée dans le monde médical. Alors que la résistance aux antibiotiques est un sujet brûlant avec de graves risques sanitaires sous-jacents, l’identification de solutions alternatives à leur utilisation suscite un regain d’intérêt pour l’utilisation des produits de la ruche.
L’apithérapie émerge aussi dans le cadre de la médecine vétérinaire. Les premières applications des protocoles apithérapeutiques vétérinaires sont un succès en dermatologie et chirurgie tégumentaire (grosses plaies, dermatoses et affections dermatologiques générales), pour le soin de maladies neurologiques et neuromusculaires, dans le cadre de maladies dégénératives et auto-immunes, etc. Cela concerne les animaux de compagnie, les animaux d’élevage et la faune sauvage y compris les oiseaux et les reptiles. Naturellement, des problématiques spécifiques apparaissent. Par exemple, le traitement des lésions cutanées au miel doit intégrer propolis ou phytothérapie (huiles essentielles) pour dissuader le léchage des animaux et repousser les mouches. Les perspectives sont grandes mais la recherche n’en est qu’à ses débuts.

… la pollinisation


Les différents indicateurs à l’échelle mondiale indiquent un effondrement de la biodiversité animale et en particulier des pollinisateurs. Cela soulève des inquiétudes justifiées à plusieurs niveaux : productivité agricole, sécurité alimentaire, conservation des espèces de pollinisateurs, santé des abeilles… Les causes de ce problème sont bien connues, incluant le modèle agricole productiviste, les conséquences du changement climatique et la fragmentation des milieux naturels. Plusieurs solutions sont envisagées : réaménagement des territoire, réhabilitation et conservation de certains milieux, méthodes agronomiques accueillantes pour les pollinisateurs, etc. Un changement de cap est impératif pour ancrer ces différentes solutions dans une politique agricole durable.
D’un point de vue strictement économique, chacun s’accorde à dire que la principale valeur de l’apiculture n’est pas la production de miel ou d’autres produits de la ruche mais bien la pollinisation des cultures. On a jusqu’à présent fait l’économie des connaissances que nous avons des besoins et de la biologie de l’abeille. On tend aujourd’hui à davantage intégrer ces connaissances pour améliorer l‘état sanitaire et démographique des colonies utilisées dans les services de pollinisation. La conscience de l’importance des pollinisateurs sauvages dans le même contexte tend aussi à encourager leur connaissance et leur protection

...l’apiculture pour le développement rural

Pour Yves Le Conte de l’INRA, les changements globaux qui se profilent révèlent les principaux sujets de préoccupation pour aujourd’hui et demain : les changements climatiques, les modifications du paysage, l‘intensification de l‘agriculture et les espèces envahissantes. Pour lui, une synergie d’actions est nécessaire entre la recherche appliquée et le développement, entre les scientifiques, les apiculteurs et les agriculteurs pour trouver des stratégies de gestion pour des agrosystèmes productifs et une résilience améliorée de la pollinisation et de l‘apiculture. Cela passe par « l‘intensification écologique de systèmes de production diversifiés », par l’amélioration des ressources alimentaires, la protection des abeilles et des milieux et aussi par une réconciliation entre apiculture durable et conservation des pollinisateurs sauvages.


Une meilleure conscience des besoins des abeilles émerge avec le concept « d’apiculture darwinienne » porté par Thomas Seeley. Pour les apiculteurs, c’est une apiculture en totale opposition avec le modèle productiviste qui accompagne l’agriculture intensive. On parle d’apiculture forestière. On remet en question des pratiques apicoles intrusives et les traitements anti-varroa. On s’engage dans une apiculture avec des abeilles localement adaptées. On se montre inclusif. On expérimente. On se remet en question. Le mouvement est global.