EDITO : Vers un renouveau

Etienne BRUNEAU

En cette période préélectorale (communales en octobre, régionales et européennes en mai), on est amené à se poser une question : que voulons nous pour demain ? Sommes-nous satisfaits de ce qu’on nous propose aujourd’hui ? Peut-on trouver mieux ailleurs ? Nous sommes donc dans une période de remise en question que nos politiciens connaissent bien.
En apiculture aussi les questions sont bien présentes et certains veulent des changements. Les aides européennes ont suscité une attention accrue car il va falloir remettre un nouveau programme triennal en début d’année prochaine. Si bien d’autres financements touchent les apiculteurs, le soutien européen a été conçu pour permettre une consultation des apiculteurs. Où en est-on ?

Les fédérations
Dans ce cadre, les responsables des fédérations se sont réunis à plusieurs reprises pour mettre sur la table de nouvelles propositions. Il est assez logique d’y trouver la réponse aux problèmes auxquels ils sont confrontés régulièrement, comme la rédaction de leurs différentes revues qui nécessite une énergie sans cesse renouvelée. D’où l’idée d’une revue commune pour laquelle le cari pourrait apporter de l‘aide. Face au dépérissement, la seconde idée est de renforcer le réseau de ruchers tampons mis en place par Région wallonne et la troisième est de donner plus de moyens au projet ARISTA Bee qui développe des lignées d’abeilles tolérantes aux varroas.

Les apiculteurs

Pour mieux cerner les préoccupations réelles des apiculteurs, le Comité Miel qui assure la gestion régulière du programme européen a lancé une grande consultation auprès des apiculteurs. Pour l’instant, 5 sections réparties dans différents points de Wallonie ont été interrogées avec une technique pour les participants permettant de dégager les axes prioritaires (voir Actu Api). Deux grands problèmes sortent clairement de l’enquête : la qualité de l’environnement y compris les relations avec les agriculteurs, et l’organisation des traitements contre la varroase où le rôle des vétérinaires est perçu plus comme un frein que comme une aide. Chose pour le moins étonnante, la varroase n’est plus du tout une priorité. Les apiculteurs la gèrent, pour autant qu’on leur laisse un accès facilité à des médicaments. On parle bien de dépérissement mais les ruchers tampons ne viennent que loin dans les priorités. Dans les projets, ce sont ceux en relation avec l’amélioration de l’environnement qui sont en tête. Un suivi de terrain ou un div class="encadre"><pment pour les nouveaux apiculteurs est également demandé ainsi que des aides économiques pour les apiculteurs qui désirent se développer et diversifier leur activité.

L’Europe
En matière d’agriculture, au niveau de l’Union européenne, , les choses sont claires. Tous les indicateurs de la politique agricole commune sont dans le vert à l’exception de la biodiversité et du climat. C’est donc sur ces points que sera mise la priorité de la future Politique Agricole Commune. Suite à l’opération de la Direction Générale Environnement sur les pollinisateurs, les 66.000 réponses au questionnaire public montrent l’intérêt accordé par le public à ce dossier. Pour les pesticides, l’attention portée à n’agréer que des produits ayant un minimum d’impact sur les pollinisateurs reste à l’ordre du jour.
Côté climat, point cité par les apiculteurs, on ne voit pas trop bien comment faire pour gérer cela au niveau de l’apiculteur, si ce n’est en lui apportant des outils pour l‘aider à adapter sa conduite rapidement (voir le dossier Big data et Bee Partnership dans l’actualité européenne). C’est à l’Union européenne de mettre en place des politiques pour tenter d’éviter les changements les plus graves. Les évènements climatiques que nous connaissons dans nos ruchers apportent pour l’instant tant du positif que du négatif. Nos abeilles ont une capacité d’adaptation surprenante. Ainsi, de nombreuses colonies sont entrées pour la première fois en estivage cet été.
Les aspects liés au marché du miel ne sont pas oubliés non plus par les parlementaires qui vont certainement se battre, avant le scrutin, pour qu’on puisse apporter une définition au miel qui le protège mieux des miels adultérés.
Et on doit se réjouir que les priorités européennes recoupent très fortement celles de nos apiculteurs.

L’heure des choix
Même si le budget européen a été augmenté, vu le peu de ruches déclarées en Wallonie et à Bruxelles, le budget ne permettra pas de tout faire. Il serait dramatique de laisser tomber tout le travail entrepris depuis 20 ans. Un recentrage est cependant indispensable et il est vrai qu’il faut optimiser les actions et éviter de se disperser. Il faut focaliser les aides sur ce qui ne peut survivre sans cela et donner les impulsions qui aident les autres projets à se développer par eux-même. L’équipe du CARI est à ce titre un facilitateur et permet d’offrir aux forces de terrain une maintenance indispensable.
Revue commune, intégration apiculture agriculture, suivi automatisé du terrain, valorisation des produits, gestion de la varroase… voilà quelques sujets sur la table aujourd’hui. C’est ensemble que nous pourrons arriver à valoriser au mieux les moyens qui nous sont offerts.