Protéger les ruches face au frelon asiatique

Agnès Fayet

Fiche technique. Qu’est-ce qui perturbe le plus les abeilles en présence du frelon asiatique ? C’est le stress que sa présence impose à la colonie et ce sont les captures qu’il exerce sur la planche d’en vol et à l’entrée de la ruche.

Les captures en vol stationnaire devant les ruches ont une moindre incidence. Il convient de ce fait d’aménager un peu les ruches pour rendre plus difficile l’accès à l’entrée. Eloigner les frelons de l’entrée de la ruche a, en outre, l’avantage d’en éloigner les phéromones de Vespa velutina qui affolent les abeilles.

Gêner les frelons asiatiques

L’idée est d’éviter de laisser le champ libre aux frelons asiatiques devant les ruches. On peut commencer par lais ser pousser la végétation devant et autour des ruches. Cela agira comme un écran naturel. Des graminées rustiques, des lavandes ou même quelques ronces peuvent faire l’affaire.

Les réducteurs d’entrée

Les réducteurs d’entrée anti-frelons, dont les orifices sont limités à 5,5 mm au lieu 8,5 mm, empêchent bien l’entrée des frelons dans les ruches mais n’évitent pas le stress des abeilles puisque les frelons ont un accès à la planche d’envol et volent trop près de l’entrée de la ruche. Supprimer la planche d’envol n’est pas une solution idéale non plus. Les phéromones des prédateurs atteignent quand même les abords de la colonie.

Des muselières

Des « muselières » placées à l’entrée de chaque ruche permettent de réduire le stress des abeilles et les prélèvements sur la planche d’envol. Il s’agit de sas en treillis métallique fixés devant l’entrée. Les abeilles peuvent sortir sans être confrontées directement aux frelons qui les attendent sur la planche d’envol. Elles s’y habituent en deux ou trois jours.


Les muselière anti-frelons, principalement en bois, à fixer à l’entrée de la ruche, commencent à être commercialisées. De nombreux apiculteurs fabriquent toutefois leurs propres muselières. Les mailles du grillage doivent laisser passer les abeilles mais pas les frelons. Des mailles de 5,5 x 5,5 mm (6 mm maximum) sont nécessaires. Si un frelon réussit malgré tout à entrer, il s’affole, reste prisonnier et est attaqué par les gardiennes.


Un espace sera aménagé entre la muselière et la face avant de la ruche. 5,5-6 mm d’écartement sur toute la longueur de la muselière permettent aux abeilles de trouver un passage d’entrée facilement lorsqu’elles reviennent de leur vol de butinage. Cet écartement ne permet pas au frelon de passer. Ajouter un tasseau avec un plan incliné à 45° sur toute la longueur du passage en amont de l’espace d’entrée évite par ailleurs au frelon asiatique de trouver prise et de se poser sur la muselière. Les abeilles s’habituent assez vite à cette nouvelle entrée-sortie et l’utilisent dans les deux sens, même si le treillis grillagé leur permet de sortir également.

Une apicultrice française a mis au point et breveté une boîte en plastique polypropylène recyclable appelée « Bouclier transparent Stop it ® ».

Les surfaces lisses de cette muselière particulière à visser ou agrafer à l’entrée de la ruche, interdisent l’arrêt du frelon asiatique. La boîte est simplement perforée de nombreuses ouvertures dont le diamètre est suffisant pour ne pas gêner le vol des abeilles mais interdisent le passage des frelons dont l’envergure est bien supérieure. L’avantage est qu’elle est simple à utiliser et relativement démocratique (moins de 20 euros). https://www.stop-it.fr/le-stop-it/


Un fond de ruche-piège à frelons

La firme APISHIELD commercialise un fond de ruche-piège à frelons sans appât. C’est l’odeur de la ruche au-dessus qui est attractive. A la différence de la muselière, les abeilles disposent de trous d’entrée à l’avant qui permettent un accès « classique » à la ruche. 4 ouvertures de chaque côté ouvrent sur un tiroir destiné à piéger les frelons asiatiques qui ont tendance à chercher un accès latéral. Attention à la cha eur ! L’utilisation de fonds de ruches pleins en été est déconseillé. L’automne (septembre-octobre) est plus approprié. Il faut ensuite reti rer et désinfecter le plateau. Il est inutile de placer un fond de ruche-piège sous chaque ruche. Autre remarque : ce piège n’est pas sélectif !

Il capture également des frelons européens (vespa crabo) c’est-à-dire des insectes qui partagent la même niche écologique que le frelon asiatique (Vespa velutina) et pourraient de ce fait jouer un rôle régulateur. Des captures de nids de Vespa velutina par Vespa crabo ont été observés par les scientifiques (1). Ce piège un peu spécial est assez cher (plus de 80 euros). A utiliser ponctuellement en phase d’infesta tion.

Le principe d’utilisation est détaillé dans la notice du fournisseur : https:// www.vita-europe.com/beehealth/ fr/produits/apishield-trappe-fre lons-asiatiques/#Howtouse


Le bon sens !

Une question à se poser est la suivante : la pose de pièges protège-t-il efficacement les ruchers des attaques de Vespa velutina ? On cherche la solution miracle. Le piégeage doit être réservé́ à un usage local, temporaire et raisonné pour réduire la pression en phase d’invasion. Vous n’avez pas constaté de frelons asiatiques dans votre rucher ? Ne posez pas de pièges : ils risqueraient de les attirer ! Prudence par ailleurs avec les pièges d’une manière général, souvent assez peu sélectifs voire pas du tout pour certains.

Référence :
« Le frelon asiatique (Vespa velutina nigrithorax) : impacts écologiques et socio-économiques d’une espèce invasive en France ». Mémoire de Fin d’Etudes présenté par Margaux Bordes à l’ULB - Institut de Gestion de l’Environnement et d’Aménagement du Territoire - Faculté des Sciences - http://memenvi.ulb.ac.be/Memoires_en_pdf/MFE_13_14/ MFE_Bordes_13_14.pdf .