EDITO : 2020 Quelle année !

Etienne Bruneau

Pour beaucoup d’entre nous, 2020 restera dans les mémoires comme une année noire car de très nombreuses personnes ont été confrontées à de graves problèmes qu’ils soient d’ordre sanitaire et/ou économique.

Notre secteur apicole a bien été touché par le COVID mais nos activités ont pu se poursuivre comme dans tout le monde agricole. Les principaux problèmes rencontrés sont venus des difficultés de ventes pour les apiculteurs isolés qui ne disposent pas d’un bon réseau de commercialisation. L’e-commerce en plein développement n’a pas constitué une alternative car un produit aussi lourd que le miel génère des frais postaux trop importants par rapport au prix du pro duit. De même la perte est bien là pour les apiculteurs qui réalisent une grosse partie de leur chiffre lors des marchés de Noël. Mis à part cela, le miel s’est bien vendu et a même été recherché active ment par les clients.

Il est par ailleurs vraiment surprenant qu’au moment où les déplacements, surtout à longue distance, sont fortement réduits, le nombre de réunions internationales a augmenté de façon imprévisible. De deux réunions annuelles Apimondia, on est passé à une dizaine de réunions. Des groupes d’experts que ce soit au niveau de l’ISO ou de la FAO ont pu programmer de multiples réunions qui n’auraient été accessibles qu’à une petite minorité si elles avaient dû se tenir en présentiel. Cela a permis d’intégrer un plus grand nombre de participants provenant des pays moins riches à la table des discussions, ce dont on ne peut que se réjouir.

Nous avons tous découvert une série d’outils de communication dont la plupart d’entre nous n’avaient jamais entendu parler auparavant (Zoom, Teams, Webex…) ainsi que les nouvelles possibilités qu’ils nous offrent.

Du côté CARI, dès le début de la pandémie, nos réunions d’équipe se sont tenues sur ZOOM ainsi que nos deux assemblées générales. Agnès Fayet a profité de la circonstance pour réaliser une série de « vidéos COVID » qui mon traient comment les apiculteurs vivaient cette situation particulière. L’étape sui vante a été de transformer le week-end du CARI sur le climat en un « Focus climat » consistant en une série de 11 conférences accessibles par Zoom aux personnes intéressées. Maîtrisant de mieux en mieux ces outils partagés par un nombre croissant de personnes, nous avons décidé d’organiser un concours miel à distance avec une répartition des divers participants dans différentes salles de dégustation virtuelle.

Enfin, avec Miel Maya disposant d’une version plus puissante de l’outil, il a été possible d’organiser une journée Nord - Sud qui répondait parfaitement aux objectifs que nous avions fixés, à savoir, pouvoir partager des sujets communs avec des apiculteurs du Sud. Chacun a pu clairement visualiser la situation des intervenants internationaux au départ de petites vidéos de présentation et grâce à une traduction simultanée vers l’espagnol et l’anglais. La table ronde était vraiment mondiale et les questions convergeaient de tous les continents. C’était comme si les frontières n’existaient plus et que l’on pouvait réellement plonger dans des apicultures différentes avec des besoins spécifiques, parfois tellement éloignés des nôtres. Vous discutiez ainsi avec des Congolais, des Colombiens, des Cambodgiens…

Il en ressort que la situation difficile de notre apiculture européenne, avec l’appauvrissement énorme de l’environnement, l’usage irraisonné de pesticides et les modifications climatiques a été découverte par les apiculteurs du Sud qui rencontrent pour l’instant ces problèmes de façon relativement marginale. Ils sont toutefois confrontés à de réels problèmes de survie économique. Mais que restera-t-il de cet après COVID ? Que restera-t-il de ces avancées positives au moins d’un point de vue environne mental avec nos déplacements beaucoup plus limités ? Quid de ces possibilités de rencontres virtuelles avec des apiculteurs distants ?

Il est très probable que l’on va organiser de plus en plus d’évènements mixtes, en partie en présentiel, en partie en virtuel. Ce sera le cas du prochain congrès international Apimondia retardé d’un an mais qui verra une version virtuelle simplifiée l’an prochain. Notre « Concours des miels d’ici et d’ailleurs » devrait également s’ouvrir davantage au monde avec une formule mixte permettant l’intervention de francophones plus distants géographiquement.

Nous voici arrivé à la fin de l’année 2020 et 2021 est devant nous, pleine d’espoirs nouveaux. Je vous souhaite en tous cas de pouvoir vivre pleinement cette nouvelle année dans la joie et l’harmonie et en pleine santé.