FAIT MAISON : Recadrons Hoffman

Fredéric CALMANT

Youtuber, bloggeur, amoureux de la nature et apiculteur dans le Condroz hutois (Belgique). Biochimiste de formation et un peu touche-à-tout, le pragmatisme a sa place dans son apiculture. Outre la production de miel, l‘élevage et la constitution d‘essaims remportent ses faveurs


Quand on se lance dans l‘apiculture, les premières visites aux ruches sont souvent l‘occasion d‘observer, de comprendre et de s‘émerveiller. On prend son temps (parfois trop !), on mesure tous ses gestes... Avec les années et la prise de confiance, le nombre de ruches a bizarrement tendance à suivre une courbe exponentielle ascendante et les activités connexes se multiplient également, comme l‘élevage de reines ou la valorisation des produits de la ruche. Il en découle un besoin de rationaliser son travail et d‘optimiser chaque minute passée au rucher. Si le duo cadres droits-ruche à crémaillère reste le standard en apiculture, et c‘est d‘ailleurs ce que j‘ai utilisé bon nombre d‘années, il m‘est vite apparu comme une évidence de tester les cadres à épaulement Hoffman, censés faciliter et accélérer les visites hebdomadaires aux colonies. Une fois la décision prise et les ruches débarrassées de leurs écarteurs et crémaillères, restait à solutionner le problème de la cohabitation passagère entre les anciens cadres droits et les neufs en Hoffman. De nombreux accessoires permettent d‘assurer cette transition comme les adaptateurs en plastique à placer sur les oreilles des cadres droits. Une fois tout le rucher passé en cadres à épaulement, le gain en manipulations et en temps de visite était effectivement évident et permettait de travailler au moins deux fois plus rapidement ! Malheureusement, très vite, des problèmes sont apparus... Les cadres à épaulement présentent en effet, de par leur conception, une large zone de contact (10 - 12 cm !) et les abeilles, même celles réputées peu utilisatrices de propolis, en ont profité pour littéralement coller les cadres entre-eux ! A noter également que la propolisation de la partie jointive finit par augmenter la largeur des cadres, ce qui n‘est pas sans poser de sérieux problèmes ! Autant dire que le temps de visite dans ces conditions s‘en est retrouvé très largement allongé, ce qui était totalement à l‘opposé du résultat escompté ! De plus, je travaille en routine avec 11 cadres dans des corps prévus pour 10 cadres (10 c Hoffman + 1 cadre à mâles droit) ; il me fallait donc trouver des cadres Hoffman de 35 mm de largeur maximum, pas vraiment fréquent sur le marché apicole !



Mécontent de cette situation, je me devais de trouver une solution à ce problème, surtout que je restais persuadé de l‘utilité de travailler en bandes lisses.

Après pas mal de recherches et lectures, j‘ai décidé de tester les clous espaceurs à fixer sur cadres droits de 25 mm de largeur. Option très séduisante de prime abord par la zone de contact réduite à la surface de 2 têtes de clou ; le problème du collage des cadres était solutionné ! Seul inconvénient, ces clous n‘existent qu‘en 7 mm à ma connaissance (ou 10 mm, ce qui est trop grand !). Certes, cet écartement respecte le bee-space avec tous les avantages théoriques qui en découlent : meilleure gestion de la température, rapprochement des constructions naturelles,... mais à la condition de travailler avec des cadres et cires gaufrées parfaitement droits ! En effet, avec un inter-cadres si petit, le moindre écart (cire gaufrée gondolée ou montant du cadre torché) se traduit par des constructions inachevées à cause du manque de place disponible. Il apparaît, en conclusion et après tous ces tâtonnements, qu‘un espacement de 8,5 - 9 mm serait proche de l‘idéal.

La solution : insérer une rondelle d‘épaisseur classique (1,6 mm) entre le clou et le cadre, ce qui donne un espacement total de 8,6 mm. Parfait !


Alternative proposée par un autre apiculteur : utiliser de simples cavaliers de dimensions 1,8 x 15 mm trouvés en magasin de bricolage pour un prix dérisoire. La profondeur de cloutage est gérée simplement en glissant un gabarit (tournevis limé à exactement 6,8 mm) dans le cavalier au moment de la pose. Résultat : 6,8 mm + 1,8 mm (épaisseur du cavalier) = 8,6 mm ! Le tour est joué !


Fredéric Calmant
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