Rucher attaqué par Vespa velutina

Gilles LANIO

En début de saison, à l’apparition de frelons devant les ruches, il n’est pas rare de voir des frelons de petite taille. Cela veut tout simplement dire que nous sommes face aux premiers frelons qui sont issus d’un nid primaire. Les premières naissances dans un nid de frelon Vespa velutina sont toujours de petite taille, dès lors la reine restera au nid pour pondre et ce sont ces petits frelons qui vont devoir assurer le ravitaillement de la colonie et les travaux d’agrandissement du nid. Identifier les premiers frelons issus d’un nid primaire est important, en effet cela veut dire généralement que le nid n’est pas loin et qu’il doit être situé dans un abri (un nid primaire ne résiste pas aux intempéries) et qu’il n’est pas très haut. Devant cette situation, la meilleure chose à faire consiste à suivre les petits frelons qui rejoignent le nid. Les piéger ne changerait pas grand-chose, la colonie continuera son développement. Dans ce cas le mieux est de mettre de la nourriture à disposition dans une assiette ou tout autre contenant en terrain dégagé. La nourriture va attirer les frelons qui viendront s’approvisionner. Une fois ceux-ci rassasiés il suffira de regarder la direction qu’ils prennent pour savoir vers où se trouve le nid. Cette manière de faire permet d’orienter la recherche, pour localiser le nid il est bon de mettre de nouveau un appât, éloigné du premier mais situé sur le chemin du nid, et très rapidement on peut trouver le nid afin de le détruire rapidement avant qu’il ne se transforme en nid secondaire, bien souvent haut dans un arbre…Lors de la destruction du nid primaire toujours vérifier si il y a encore des œufs et une population plus ou moins importante suivant la taille du nid. Dans le cas d’un nid primaire assez gros (taille d’un melon) et que l’on ne trouve pas de ponte, cela veut dire que la reine est déjà partie avec des ouvrières pour le nid secondaire et celui-ci se trouve dans les environs.


Attaque massive en pleine saison

Lorsqu’un rucher est attaqué par une quantité importante d’ouvrières de frelons de grosses tailles, cela signifie qu’il y a un ou plusieurs nids proches ou éloignés. Pour localiser le ou les nids la méthode de l’appât cité au dessus peut permettre de trouver le ou les nids, mais cela peut s’avérer plus compliqué : distance plus importante, plusieurs directions du fait qu’il y a plusieurs nids. Dans ce cas prioriser une direction et répéter l’opération. La méthode par triangulation peut donner de bons résultats, cela consiste à disposer les appâts de manière à former un triangle avec les côtés de plusieurs centaines de mètres, les lignes de retours des frelons aux nids donnent de bonnes indications. Après il faut s’adapter, c’est un travail de patience, mais en quelques jours il est possible de localiser le ou les nids.


Soulager la pression des frelons sur le rucher

Pour soulager la pression sur un rucher, il faut tuer un maximum d’ouvrières de frelons dans un temps très court. La meilleure façon d’y parvenir consiste à appâter les frelons dans un lieu éloigné du rucher. Pendant plusieurs jours vous mettez de la nourriture à disposition des frelons, les ouvrières de frelons donneront l’information de nourriture aux différents nids du voisinage qui ne manqueront pas de venir s’approvisionner. Lorsque vous constatez que les frelons sont présents régulièrement et en grand nombre, vous retirez la nourriture mise à disposition et vous remplacez le tout par un ou des pièges. En très peu de temps vous attrapez une quantité importante d’ouvrières de frelons. Les nids du voisinage perdront d’un coup un grand nombre d’ouvrières, soulageant la pression sur le rucher. Tant que les nids ne sont pas détruits il faut répéter plusieurs fois l’opération. On retire les pièges, on met de la nourriture accessible et au bout de quelques jours on remet les pièges. C’est un peu comme si sur une colonie d’abeille on tuait un grand nombre de butineuses régulièrement, il est sûr que cela nuirait à son développement.



Concernant Vespas orientalis

Je ne connais pas ce frelon, mais je pense qu’il doit être possible de lutter contre lui de la même façon que contre Vespa velutina. Si concernant Vespa orientalis les fondatrices seules doivent commencer à nidifier et suivant un calendrier plus ou moins précis suivant les régions, dans ce cas il est bon de mettre en place un plan de piégeage adapté pour les capturer. Plus tard dans la saison la pratique de l’appât pour suivre les ouvrières qui retournent aux nids peut se faire. Le suivi des frelons Vespa orientalis, qui, si je ne me trompe pas, se trouvent dans des secteurs plus arides, avec moins de grands arbres, se trouvera facilité.

Observation et comportement des reines de frelon Vespa velutina

Il se dit et même s’écrit que les reines de frelon asiatique se combattent, qu’elles ont un territoire qu’elles défendent. Ces affirmations sont plus que discutables. La présence de nids très rapprochés est très courante.
Au printemps il est facile de faire l’expérience, lorsque vous attrapez en début de saison des fondatrices vous pouvez les enfermer dans un pot elles ne se tuent pas comme feraient deux reines d’abeilles. Il n’est pas rare de voir ce que l’on pourrait traduire par un début d’agression au moment de l’introduction de la deuxième reine. Les deux reines souvent se font face, ouvrent grand leurs mandibules, gonflent l’abdomen, un peu comme deux chats qui vont se battre. Elles s’avancent l’une vers l’autre et s’appuient front contre front. Elles sortent leurs langues qui se touchent et là miracle elles s’apaisent et pas de combat.
Deuxième observation, j’ai eu chez moi en début de saison trois nids primaires distant d’environ un bon mètre, et là non plus pas d’agression. Au bout de quelques jours je n’en ai gardé qu’un pour voir comment il évoluait dans le temps. Très rapidement j’ai été en mesure d’identifier le vol de la reine qui partait ou rentrait au nid. Le vol était direct et rapide. A ma surprise, à plusieurs occasions j’ai constaté l’arrivée d’une fondatrice qui n’était pas la reine du nid. Le vol était beaucoup plus lent et zigzagant, l’intruse se posait toujours sur la partie haute du nid et descendait doucement vers l’entrée située à la partie basse. Si la propriétaire du nid était là, elle sortait la tête du nid, les deux reines semblaient se regarder et au bout de quelques secondes la visiteuse s’en allait comme elle était venue. Dans le cas où la propriétaire des lieux était absente, la visiteuse passait la tête par l’orifice d’entrée du nid, mais jamais ne rentrait et au bout de quelques secondes repartait.
Troisième observation, dans le nid primaire il y a déjà quelques jeunes ouvrières, et là, oui, toute fondatrice se posant sur le nid se fait littéralement agresser par les ouvrières qui lui sautent dessus. L’intruse pour se libérer se laisse tomber et en arrivant au sol s’envole rapidement.
Quatrième observation, il m’est arrivé de trouver sous un nid primaire de petite taille vers la fin juillet des frelons morts. La personne qui se serait limité au constat aurait pu penser à une agression, ou pourquoi pas une intoxication. En y regardant de plus près c’était des mâles, au regard de la taille du nid et aussi concernant la date ce n’était pas normal. Il devait s’agir d’une reine mal fécondée ou qui avait un problème de reproduction.