Apiculteurs : questions de choix

A quoi accordez-vous de l’importance lors des premières visites de printemps ? Quelles actions mettez-vous en oeuvre en priorité ?

François <span class="caps">GODET</span>
François GODET

Apiculteur inspiré par le respect des abeilles et de leurs besoins. Rucher en reconversion Dadant 10 cadres vers des Warré auto-construites dans la Province de Namur (Belgique). A foi en la vitalité naturelle des colonies. Apiculteur depuis 2012. Elève une vingtaine de colonies réparties sur 3 ruchers.

Outre l’état sanitaire, je regarde la taille de la grappe, la présence de ponte et sa qualité. Puis je reprends mes notes de l’année précédente : précocité du démarrage, force, affectation de la colonie (reproduction ou production). En croisant les deux, je décide de l’affectation de la ruche. Si la colonie est issue d’une reproduction de l’année précédente, je l’affecterai à la production de miel et cire. Si la colonie a été forte l’année précédente, a fortiori si elle a été en production 2 années de suite, j’anticipe un affaiblissement de la reine. Je la confinerai (2 éléments Warré) afin de l’amener en fièvre d’essaimage. Après celui-ci, la ruche sera menée afin d’hiverner sur 3 éléments Warré.
C’est bien évidemment l’occasion de changer le plancher et d’inspecter la ruche en tant que nid pour nos colonies.

François <span class="caps">RONGVAUX</span>
François RONGVAUX

Apiculteur depuis plus de 50 ans. Enseignant et conférencier apicole. Directeur de l’école d’apiculture des Ruchers Sud-Luxembourg (Belgique). Eleveur de reines Buckfast depuis plus de 20 ans. Co-organisateur de la fête du miel à Saint-Léger. Vice-président de la Fédération d’apiculture de la Province de Luxembourg.

Je me pose les questions suivantes : Comment l’hivernage s’est-il passé ?
• Constater l’importance de la mortalité dans chaque ruche ;
• Examiner l’état des cadres et des provisions ;
• Vérifier le nettoyage par les abeilles, du fond de ruche.

Quelle est la force de la colonie ?
• Nombre de ruelles occupées ;
• Importance du couvain, qui donneraaussi une appréciation sur la qualitéde la reine ;
• Activité au trou de vol.

Quelles actions faut-il entreprendre ?
• Apporter si nécessaire, un complément de nourriture ;
• Renforcer les colonies plus faibles,soit avec une jeune colonie, soit avecun cadre de couvain operculé provenant d’une ruchette.

Ces constatations seront notées sur la fiche de la colonie afin de suivre son évolution, notamment lors de la 2ème visite de printemps ou du premier agrandissement.

Jean-Paul <span class="caps">DEMONCEAU</span>
Jean-Paul DEMONCEAU

A découvert l’apiculture très tôt (20 colonies dès l’adolescence). Elève aujourd’hui une centaine de colonies pour la récolte de miel en transhumance. Pratique une apiculture intensive. Son objectif : un minimum de colonies de production pour une récolte maximale. Président de la section d’apiculture de la Berwinne (Belgique).

Dès le mois de mars lorsque la température est acceptable je commence l’ouverture des ruches.
Je m’assure de la présence de la reine marquée, sinon je signale le remérage. 2ème constatation : les réserves de nourriture. J’ai avec moi des cadres de nourriture que j’ai retiré du congélateur si j’estime les réserves trop légères (nous ne sommes pas encore au printemps), je retire un cadre de rive pour le remplacer par un cadre bien rempli. Si je trouve la colonie très forte, j’introduis également le cadre à mâles à recouper dans le contexte de lutte contre la varroase. Ma première intervention s’arrête là.
Concernant les colonies à défauts (remérage et reine vierge) : si la colonie est populeuse, je réintroduis une reine en ponte (en réserve dans Mini+). Si la colonie est bourdonneuse, suivant la température, je la réunis avec une colonie plus faible. Pour une colonie remérée et une reine en ponte, j’estimerai sa valeur dans les semaines à venir.
Toutes ces constatations sont retranscrites sur chacune des fiches de l’année passée ensuite transférées sur les nouvelles fiches de 2018.
Ma future intervention dans les semaines suivantes sera consacrée au nettoyage des planchers et à l’introduction des cires gaufrées. Tout dépendra de la température et de la force des colonies !

Marc <span class="caps">EYLENBOSCH</span>
Marc EYLENBOSCH

Apiculteur depuis 20 ans par plaisir. S’occupe de 15 à 20 colonies dans le Brabant Wallon (Belgique). Transmet ses connaissances en compagnonnage et au rucher école de la SRABE (Bruxelles). A un profond intérêt pour les plantes mellifères.

Lors des premières visites de printemps, je vérifie que les colonies sont en ordre de marche.
Je commence la visite en changeant le plateau de sol. Comme je pratique le compagnonnage, c’est assez facile de faire cela à trois : deux qui soulèvent la ruche et un qui change le plateau. Mes ruches sont en bois, sauf les plateaux Nicot qui sont en plastique ce qui facilite grandement le nettoyage.
Ensuite, si la météo le permet je fais une visite rapide de la colonie. Je vérifie la présence d’une reine en ponte, je note l’importance du couvain. Je vérifie aussi le marquage de la reine et je le refais s’il n’est plus bien visible. Je laisse un peu de place pour le développement du couvain mais je retire les cadres vides excédentaires afin de resserrer la colonie et de lui faciliter le « chauffage » du nid à couvain. Je recentre bien les cadres de couvain et de part et d’autre de ce couvain je laisse un cadre de nourriture soit un total de +/- 4 kg de réserve ce qui me semble bien suffisant à cette période. Comme je visite au minimum toutes les deux semaines à cette saison, je pourrai facilement évaluer les besoins de la colonie et remettre un cadre de réserve si nécessaire. Les cadres de nourriture excédentaires sont retirés et mis en réserve au congélateur. Je ne cherche pas à homogénéiser mes colonies en transférant des cadres de couvain des ruches fortes vers les ruches plus faibles. C’est vrai que des colonies homogènes sont plus faciles à gérer, mais en laissant chaque colonie se développer à son rythme, j’évalue mieux la qualité des reines et j’évite d’éventuels transfert de maladie.

Léandre <span class="caps">GOYDADIN</span>
Léandre GOYDADIN

Apiculteur professionnel en Haute-Saône avec 300 ruches en production de miel sans transhumance et environ 150 essaims/an.
Je travaille beaucoup avec la Buckfast, achat et élevage sur souches sélectionnées.
J’utilise la dadant 10 cadres (quelques 12 cadres aussi) et les ruchettes sont en 6 cadres. J’ai encore quelques 5 cadres mais je trouve le volume trop petit pour hiverner.
Accessoirement Youtuber : gOAdee « Une Saison Aux Abeilles »
http://www.unesaisonauxabeilles.com/

La visite de printemps se déroule en 2 temps pour moi : très vite, entre le 15 mars et le 1er avril, je fais le tour des essaims en ruchettes afin de savoir lesquels partiront à la vente et lesquels, moins forts, seront remérés plus tard en saison. Je ne peux pas faire grand-chose sur ces essaims à ce moment-là. Je suis déjà passé avec du candi pour les nécessiteux fin janvier/février et je ne stimule pas au sirop dilué.
Pour les ruches de production, je fais une visite/bilan vers le 1er avril. Je les classe en 3 catégories notées de A à C pour faciliter la gestion durant la saison. J’élimine éventuellement les derniers cadres secs de rive (hivernant sur 8 cadres en moyenne, j’ai déjà ôté ces vieux cadres à l’automne).
Je nettoie les planchers plastiques des ruches de production et les têtes de cadres de toutes les colonies.
L’important pour moi est de bien repérer les fortes et les faibles pour mieux cibler mes actions durant le rush de la saison. Le départ de la saison est donné, à
la prochaine visite j’amènerai des cadres neufs, cirés avec ma propre cire
d’opercule.

Frédéric <span class="caps">CALMANT</span>
Frédéric CALMANT

Youtuber, bloggeur, amoureux de la nature et apiculteur dans le Condroz hutois (Belgique). Biochimiste de formation et un peu touche-à-tout, le pragmatisme a sa place dans son apiculture. Outre la production de miel, l’élevage et la constitution d’essaims remportent ses faveurs.
http://blog.exometeofraiture.net /
https://www.youtube.com/user/fcalmant

Pour la visite de printemps, je procède généralement en 2 temps. Une visite rapide qui permettra surtout d’évaluer chaque colonie au niveau de la qualité/quantité de couvain et de l’état des réserves. Toutes ces informations seront notées sur les fiches de suivi. En fonction de la météo, je choisis la journée la plus douce pour une seconde visite plus poussée pendant laquelle j’équilibrerai les colonies en couvain et nourriture. Cet équilibrage est à mes yeux une étape cruciale qui conditionnera la réussite de la saison ! Il ne sert à rien d’avoir d’un côté des ruches avec, par exemple, 6 cadres de couvain et d’autres avec 2 : les premières exploseront rapidement en fièvre d’essaimage et les autres traineront leur retard pendant toute la miellée de printemps. En début de saison, un cadre de couvain en plus ou en moins peut réellement faire la différence ! A ce moment, les abeilles d’hiver épuisent leurs dernières forces dans la miellée et si le couvain naissant n’arrive pas à compenser les pertes d’effectif, il en résulte une colonie qui semble stagner et ne pas se développer, voire pire... L’équilibrage permet aussi par la suite de repérer facilement les colonies qui serviront pour les premiers élevages de la saison et, éventuellement, celles dont la reine devra être remplacée.
J’ hiverne un grand nombre de ruchettes, environ 2,5 par ruche de production, dans lesquelles je pourrai, le cas échéant, prélever des cadres de couvain operculé en vue de renforcer les colonies participant à la miellée de printemps.

Michel <span class="caps">PONCELET</span>
Michel PONCELET

Apiculteur depuis 60 ans. Partisan inconditionnel des divisibles et de la Langstroth-
Simplicity en particulier. S’occupe de deux ruchers d’une quinzaine de colonies pour la production de miel et l’élevage de reines. Membre actif du rucher expérimental Houille-Lesse-Semois (Belgique). Biologiste. Enseignant et conférencier apicole.

J’accorde de l’importance lors des premières visites au confort des colonies.Dès le début du printemps, le métabolisme de la colonie-dynamisée par les rentrées de pollen-s’active pour élever la nouvelle génération d’abeilles : consommation de réserves et d’oxygène en grande quantité avec production d’eau et de gaz carbonique en égale quantité ! Donc, pour éviter la condensation et ses conséquences néfastes dans la partie vitale de la ruche, calorifuger au maximum (le couvre-cadres particulièrement) et donner de l’air en abondance au trou de vol bien entendu.
Aucune action n’est mise en oeuvre sinon observer les rentrées de pollen pour noter la force des colonies. On ne dérange pas les colonies : pas de visite, pas de secousse, tout au plus analyser et nettoyer le tiroir varroas si l’hivernage s’est déroulé tiroir fermé.
Si vous craignez un manque de réserves, retournez un bloc de candi tiède sur le trou nourrisseur du couvre-cadres et reconstituez le calorifugeage. Dans mon rucher, ce cas de figure n’est pas courant.
Pourquoi ?
Les colonies sont hivernées sur deux corps Langstroth (SIMPLICITY 9 cadres https://asblrucherhls/) : le nid à couvain et le corps contenant les provisions hivernales (20 à 24 kgs sont nécessaires), le miel laissé aux abeilles plus un complément de provisions. La période qui suit la fin de la miellée (vers le 15 - 20 juillet) est donc très importante : il faut reconstituer les provisions le plus rapidement possible tout en se « débattant » avec les varroas ; il faut utiliser les nucléi constitués au mois de mai pour rajeunir (reines), renforcer ou reconstituer de très fortes colonies. Vers la mi-août, tout doit être en ordre pour l’hivernage.
Ces colonies peuvent hiverner tiroir à varroas ouvert et ne craignent ni le froid ni le manque de place en cas de miellée automnale, ni la disette en fin d’hiver : la grappe joue au yoyo dans la cheminée constituée par les deux corps de ruche. Ce faisant, vous avez tout le loisir d’attendre et de choisir le bon moment pour placer vos hausses. C’est une autre question...
Seuls quelques nucléi hivernés sur un corps (tiroir varroas fermé) sont l’objet de l’attention signalée plus haut.

Yves <span class="caps">LAYEC</span>
Yves LAYEC

Pratique l’apiculture, depuis longtemps, dans le Nord-Finistère. Actuellement, bon an mal an, une cinquantaine de ruches Dadant 10 cadres en ruchers sédentaires. Pratique élevage de reines avec des abeilles du Finistère.
Membre des conseils d’administration du GDSA (Groupement de défense sanitaire apicole) du Finistère, et de la FNOSAD (Fédération Nationale des Organisations Sanitaires Apicoles Départementales).

Visite de printemps ou de sortie d’hiver ?
La première chose qu’on peut regarder lors de la première ouverture de ruche en sortie d’hiver c’est la présence d’abeilles, évidemment. Si pas d’abeilles c’est fini. Mais aussi la présence de la reine en ponte, donc la présence de couvain (même si on ne cherche pas la reine, on n’a pas le temps, et les températures ne permettent pas de laisser la ruche ouverte très longtemps). Le couvain : voir et en évaluer l’aspect et l’étendue. Beau couvain, sur plusieurs cadres c’est l’annonce d’une population en développement, qui va consommer. Tout de suite évaluer les provisions et s’il y a déjà des rentrées de nectar.

Les actions à mettre en oeuvre ?
Nettoyer les planchers.
Retirer les cadres qui seront réformés. Mettre des partitions (il est peut être trop tôt pour mettre des cires gaufrées).
Si besoin (seulement si besoin) envisager un nourrissement d’appoint (candi ou pâte de sucre, ou sirop si le temps le permet). Ce serait dommage de perdre par famine une belle colonie prometteuse.