FICHE TECHNIQUE : Se protéger contre les vols de ruches

Agnès FAYET

Les vols de ruches deviennent monnaie courante et le phénomène est en expansion. Il est le fait de spécialistes : apiculteurs peu scrupuleux désireux de reconstituer facilement un cheptel ou s’approprier une récolte, filières qui alimentent des trafics à l’exportation... Les voleurs sont bien organisés et disposent d’une logistique et d’un mode opératoire bien rôdé. Aucun apiculteur n’est à l’abri. Difficile de trouver la méthode imparable pour éviter les vols mais quelques astuces permettent d’équiper ruches et rucher pour rendre les vols moins faciles, pour aider à l’identification des voleurs et au traçage du matériel volé. Chaque système a ses limites mais tous proposent quelque chose pour dissuader les voleurs et surtout rassurer les apiculteurs.

Des caméras de surveillance au rucher


Pour surveiller le rucher, et surtout pour obtenir des clichés des visiteurs, il existe une panoplie de caméras à vision infrarouge avec détecteur de mouvements. Elles sont généralement utilisées par les naturalistes et par les chasseurs. Elles prennent photos et vidéos. Certaines envoient même une alerte sur le téléphone portable. Le dispositif doit être bien caché et surtout placé de manière à prendre des clichés des véhicules plus que des contrevenants qui, on peut l’imaginer, porteront une varreuse de protection. Inutile de vous précipiter au rucher à la moindre alerte. Vous risqueriez de prendre un mauvais coup. Il y a des précédents en la matière. Dans le meilleur des cas, les clichés peuvent être utilisés par les forces de l’ordre pour identifier les intrus. Cela ne sert pas à grand chose pour empêcher les vols. Comptez entre 80 et 300 euros en fonction du modèle.

Des traceurs GPS

Les amateurs de nouvelles technologies peuvent préférer l’utilisation de traçeurs GPS pour géolocaliser le matériel volé. Il faut équiper la ruche d’une balise (ou traceur), petit boitier électronique permettant de suivre le parcours d’un objet équipé. Le traceur GPS fonctionne grâce à une balise GPS connectée aux signaux GSM et aux données du satellite (principe du GPS de circulation). Chaque traçeur est donc doté d’un récepteur de signaux GPS qui capte les données satellites envoyées. Les positions GPS sont envoyées soit par SMS, soit par internet. Par SMS, le traceur dispose d’une carte SIM (puce) comme un téléphone. Par internet, le traceur est équipé d’une carte SIM spéciale lui permettant de se connecter à internet. Les informations sont envoyées sur un serveur sécurisé identifié par une adresse IP. Une application développée par le fournisseur du service choisi permet à l’utilisateur de visualiser les déplacements de la ruche sous la forme d’une carte géographique. Naturellement, cela suppose que le traceur contienne un détecteur de mouvement qui va déclencher la communication satellitaire. Certaines informations telles que la position et la vitesse de l’objet tracé sont enregistrées. Elles sont stockées dans la balise pour une durée plus ou moins longue et/ou communiquées en direct à l’application que l’utilisateur a au préalable téléchargée sur son téléphone portable. Dès que l’objet est en mouvement, l’utilisateur reçoit une alarme. L’autonomie des traceurs est d’environ 6 mois avant de nécessiter une réalimentation.
Le service est disponible moyennant un abonnement. Il n’empêche pas le vol des ruches mais permet un suivi après le délit pour permettre aux autorités compétentes de retrouver le matériel. Associé à un panneau annonçant que les ruches sont équipées, cela peut, peut-être, être dissuasif.

Le marquage des ruches par puces RFID

Identifier ses ruches à l’aide de puces RFID (petites puces de silicium fixées à une antenne radiofréquence) permet d’utiliser les ondes radios pour transférer des données depuis une étiquette (ou tag) vers un lecteur. Lorsque les étiquettes (les balises) entrent dans la zone de couverture d’un lecteur RFID, elles lui envoient les informations stockées dans sa mémoire. La détection de la puce peut être faite à distance et à travers de nombreux matériaux (bois, plastique, cire, etc.). Le contact physique n’est pas nécessaire : il ne s’agit pas d’un code barre. Le système est aujourd’hui largement utilisé (hôpitaux, autoroutes, animaux…). Il est relativement peu couteux. Pour être efficace, les puces et les informations qu’elles contiennent sont référencées dans une base de données sécurisée avec système d’alerte comme le système Beetracking TM. Cela nécessite de placer une puce RFID sur un cadre dans chaque ruche. Mieux vaut placer les puces contre ou à proximité d’une paroi (côté latéraux des cadres, bords extérieurs des plateaux et chasse-abeilles, intérieurs du corps de ruche ou de la hausse…) pour que la lecture puisse se faire sans problème.


Des systèmes d’alarme

Si votre rucher se trouve dans une zone proche d’habitations, des systèmes d’alarme peuvent être fixés aux ruches. Des micro-alarmes existent sur le marché pour une dizaine d’euros maximum et peuvent se fixer aux ruches moyennant un petit bricolage. Ils se mettront en route au moindre déplacement et alerteront le voisinage qui sera à même de prévenir. Attention à bien débrancher ces alarmes avant de visiter vos colonies pour ne pas énerver les abeilles. Ce dispositif est loin d’être idéal puisqu’il faut la collaboration du voisinage, une situation spécifique et surtout parce que, l’effet de surprise passé, cela ne garantit pas que les voleurs vont renoncer à leur larcin. De plus, il n’est pas conseillé de vous interposer vous-même pour ne pas risquer un mauvais coup et les autorités ne sont pas toujours disponibles pour une intervention immédiate de ce type. Cela fait donc beaucoup de conditions à remplir.

Des protections mécaniques

Certains apiculteurs tentent des protections mécaniques de type “entrave de ruches” par exemple. Il peut simplement s’agir de fixer les ruches par 4 ou 6 sur des supports assez lourds. Cela peut être dissuasif mais s’avère peu facile pour les apiculteurs pratiquant la transhumance. D’autres apiculteurs ne fixent pas le plancher des ruches au corps. D’autres encore réservent une colonie agressive en tête de rucher et ne fixent pas le plancher de la ruche. Il s’agit là de système D sans garantie mais qui peut rassurer un peu. Un petit clin d’oeil ici aux anciennes ruches placards qui étaient les plus adaptées contre le vol…