Tropilaelaps sp.

Agnès FAYET

Tropilaelaps sp. est un acarien qui parasite Apis dorsata, son hôte naturel, mais que l’on peut trouver également sur Apis cerana, Apis florea, Apis laboriosa et également sur Apis mellifera sur laquelle il a été observé pour la première fois en 2007 aux Philippines. On le trouve sur le continent asiatique. Sa présence est surveillée dans de nombreux pays du monde. En effet, les risques de dispersion du parasite sont grands du fait des échanges internationaux de reines et d’abeilles. On le considère comme un risque émergent. Dans les pays de l‘Union européenne, l’acarien est un parasite « à déclaration obligatoire » et toute importation doit être « certifiée indemne ».

Carte de répartition de Tropilaelaps dans le monde
D’après Ellis & Munn, 2005

4 espèces

4 espèces ont été décrites : Tropilaelaps clareae, Tropilaelaps mercedesae n. sp., Tropilaelaps koenigerum et Tropilaelaps thaii n. sp. Les deux premiers, T. clareae et T. Mercedesae se sont adaptés à Apis mellifera.

Distribution des 4 espèces de Tropilaelaps en Asie : a/ Tropilaelaps clareae b/ Tropilaelaps koenigerum c/ Tropilaelaps mercedesae d/ Tropilaelaps thaii - <p>Gris foncé : présent - Gris clair : non présent ou aucune donnée</p> - D'après & Guzman 2016.
Distribution des 4 espèces de Tropilaelaps en Asie : a/ Tropilaelaps clareae b/ Tropilaelaps koenigerum c/ Tropilaelaps mercedesae d/ Tropilaelaps thaii
Gris foncé : présent - Gris clair : non présent ou aucune donnée
D’après & Guzman 2016.

Morphologie de Tropilaelaps

Les Tropilaelaps phorétiques se déplacent très rapidement sur les abeilles.
Contrairement à Varroa, rien ne prouve qu‘ils se nourrissent sur les imagos. La morphologie de leurs pièces buccales et la forme de leur corps semblent limiter leur alimentation au couvain.



Cycle de vie et reproduction de Tropilaelaps

Pest and Diseases

Le cycle de vie de Tropilaelaps est scindé en deux phases : la phase de reproduction et la phase phorétique, plus courte que celle de varroa. Tropilaelaps se reproduit dans le couvain operculé des abeilles tout comme le fait varroa. Les acariens ne survivent pas au-delà de 5 à 10 jours en l’absence de couvain. Ils circulent sur les abeilles adultes et se dispersent de cette façon. Ils ne se nourrissent que de l’hémolymphe des larves. La femelle fondatrice pénètre dans la cellule avant l’operculation et se nourrit de l’hémolymphe de la larve. 48 h après, elle pond entre 1 et 4 œufs. Les œufs donneront des larves (en principe un mâle et plusieurs femelles) qui se nourriront à leur tour sur la larve d’abeille. Le cycle de reproduction est d’une semaine avec un taux de reproduction bien supérieur à varroa.
En résumé, Tropilaelaps se distingue de Varroa par une taille plus petite, la durée plus courte de la phase phorétique, une locomotion particulièrement vive, un cycle de reproduction plus rapide et une capacité à s‘accoupler en dehors des cellules de couvain. Plusieurs de ces différences sont préoccupantes car elles permettent aux populations de ces acariens de croître encore plus rapidement que les populations de Varroa, ce qui suggère que ce parasite représente une menace émergente sérieuse pour les colonies d’Apis mellifera.

L’impact de Tropilaelaps sur la santé des colonies

Pendant la phase de reproduction, Tropilaelaps cause des dommages importants à la colonie. Les acariens sont également vecteurs de virus. Les principaux symptômes sont des malformations (ailes, pattes, abdomen) et un couvain irrégulier dont la mortalité peut atteindre 50 %. Un des risques à venir est lié au changement climatique. Si des hivers plus chauds induisaient la réduction et même la disparition de la période hivernale sans couvain, l’acarien pourrait facilement tirer partie de la situation.

Références

  • Ellis, J. D., & Munn, P. A.(2005). The worldwide health status of honey bees. Bee world, 86(4), 88-101.
  • Chantawannakul, P., de Guzman, L. I., Li, J., & Williams, G. R.(2016). Parasites, pathogens, and pests of honeybees in Asia. Apidologie, 47(3), 301-324.
  • Dainat, B., Ken, T., Berthoud, H., & Neumann, P. (2009). The ectoparasitic mite Tropilaelaps mercedesae (Acari, Laelapidae) as a vector of honeybee viruses. Insectes sociaux, 56(1), 40-43.