Une appli à la rencontre des pollinisateurs du monde

Max Rünzel - Joseph Cazier - Etienne BRUNEAU


C’est Max Rünzel, chercheur et coordinateur du projet sous la direction du professeur Joseph Cazier qui a eu cette idée pour le moins originale présentée lors du symposium organisé par la FAO à l’occasion de la journée mondiale des abeilles. Voici quelques questions que nous leur avons posées.

Vous avez peut-être déjà entendu parlé de cette petite application que vous pouvez télécharger sur votre portable et qui permet d’enregistrer la photo d’une abeille. Les initiateurs de cette démarche mondiale nous viennent des USA et plus particulièrement du Center for Analytics Research and Education (CARE) Department of Computer Information Systems - Appalachian State University

Sensibilisation et collecte de données de terrain
Sensibilisation et collecte de données de terrain

1. Quelle est l‘origine du recensement mondial des abeilles ?

Le World Bee Count est né d‘une idée visant à sensibiliser les gens à la situation critique dans laquelle se trouvent les pollinisateurs. Pour ce faire, nous faisons participer les gens du monde entier à l‘aide d‘une application très simple. Tout le monde peut participer en prenant une simple photo d‘un pollinisateur. Il était important pour nous, de fournir aux humains du monde entier une tâche concrète, une action que vous pouvez faire n‘importe où et n‘importe quand.

2. Pouvez-vous décrire plus en détail cette comptabilisation des abeilles du monde ?

Le World Bee Count rassemble des images de pollinisateurs du monde entier pour les afficher sur la carte mondiale des pollinisateurs. La carte mondiale des pollinisateurs rend toutes les images visibles de manière conviviale, ce qui permet aux gens d‘interagir avec les images.

Notre objectif est de sensibiliser aux pollinisateurs, car la pression exercée sur leurs habitats ne cesse d‘augmenter en raison de la façon dont nous, les humains, gérons et utilisons les terres. Nous espérons que les chercheurs et les scientifiques utiliseront cet ensemble de données pour mieux comprendre ce qui pousse ou limite la diversité et l‘abondance des pollinisateurs.

3. Avez-vous déjà des résultats ? Quel est le statut des images récoltées ?

À ce jour, nous avons récoltées plus de 13.000 images provenant de plus de 60 pays. Jusqu‘au 30 juin, date à laquelle le recensement mondial des abeilles de 2020 prendra fin, nous espérons rassembler 20.000 images.


4. Quel est le lien avec le projet BeeXML sur les abeilles ?

Le groupe de normalisation des données BeeXML vise à normaliser la manière dont les données relatives aux abeilles sont collectées, partagées et analysées. Pour ce faire, le groupe de normalisation des données BeeXML (groupe de travail Apimondia) a mis en place plusieurs recommandations pour décrire l‘utilisation des données et pour résoudre certains problèmes de confidentialité liés à la collecte des données. Par exemple, le World Bee Count adhère à la règle suggérée d‘arrondir et/ou de tronquer à 3 km près les données relatives à la localisation de toutes les images du World Bee Count sur la carte mondiale des pollinisateurs. De plus, l‘heure de prise d‘une image est arrondie à l‘heure la plus proche.

5. Quelle est la situation dans l‘UE ? Prévoyez-vous d‘en avoir une version française ?

Le 30 juin, la collecte de données pour le recensement mondial des abeilles 2020 s‘achèvera. Ensuite, des chercheurs du monde entier commenceront à analyser les données recueillies. Nous espérons que de nombreux collègues en Europe soutiendront ce type de recherche, et nous espérons que notre ensemble de données pourra aider les groupes de recherche existant à améliorer leurs projets de recherche.

6. Quelle est la prochaine étape pour votre équipe ?

Notre grand objectif est d‘atteindre 20.000 images d‘ici le 30 juin. Ainsi, pendant les deux prochaines semaines, nous ferons tout notre possible pour motiver de plus en plus de personnes à participer. Alors que la phase de collecte des données s‘achève, le Centre pour la recherche et l‘éducation analytiques (CARE) de l‘Université d‘État des Appalaches prendra la tête de l‘analyse des données collectées et les mettra à la disposition des chercheurs du monde entier.

7. Pourquoi 20.000 photos ?

En matière de statut des images, pouvez-vous me dire qui peut les utiliser ? Il peut être important de savoir exactement qui peut faire quoi avec ces images.
La version anonymisée de l‘ensemble de données sera en source ouverte (open source), permettant à quiconque d‘accéder et d‘analyser l‘image et les données de localisation avec la protection de la vie privée en place comme décrit ci-dessus.

8. Quand commencerez-vous cette opération ?

À partir du mois prochain, l‘analyse des données commencera et nous travaillons à la mise en place d‘un mécanisme qui permettra à d‘autres chercheurs et scientifiques d‘accéder à cet ensemble de données de manière structurée.

9. Pourquoi avez-vous besoin d‘arriver à 20.000 images ?

Notre objectif initial de 20.000 images est lié à la nécessité de disposer d‘un nombre important d‘images pour cartographier les données sur différents lieux sur différents continents et permettre d‘obtenir suffisamment de données pour exécuter certains modèles statistiques. Au fur et à mesure que nous en apprendrons davantage sur la qualité des données soumises, nous pourrons peut-être aussi construire des modèles de plus petits ensembles de données.

10. Pensez-vous que l‘application se poursuivra après juin 2020 ?

Nous aimerions que la collecte de données aille au-delà du 30 juin et devienne un événement annuel. L‘objectif pour cette première année était de collecter un premier instantané des données, puis de l‘étendre à partir de là pour construire un outil de suivi des pollinisateurs et permettre l‘analyse des données au fil du temps.

Nous espérons que cette belle initiative poursuive son développement et que cette opération de science citoyenne puisse combler une lacune en matière de pollinisateurs au niveau mondial.
https://beescount.org
https://app.gatheriq.analytics/reports/BeeDayProject.html