« Naturaliser » sa ruche

Etienne BRUNEAU


Plusieurs apiculteurs voudraient développer une apiculture plus naturelle. Cependant lorsqu’on a déjà son matériel, on peut hésiter à tout abandonner pour repartir sur de nouvelles ruches. C’est pourquoi nous avons cherché à simplement adapter nos ruches Dadant Blatt avec peu d’investissements pour qu’elles correspondent plus aux besoins des abeilles. L’objectif est de recréer un habitat plus proche de ce que les abeilles peuvent trouver dans la nature : volume plus cylindrique avec une possibilité de gérer les flux d’humidité, travail sur base de cire naturelle, présence de propolis… Naturellement, nous avons cherché à garder la polyvalence avec le matériel existant pour pouvoir réaliser des inspections sanitaires.
Voici le résultat de nos premiers essais et les modifications apportées au matériel. Ces adaptations peuvent se faire sur d’autres modèles de ruches.

Au niveau du corps, nous avons simplement placé dans les coins des planches en biseau pour éviter les zones froides et pour se rapprocher d’un cercle. On a ainsi un octogone. Les petites planches arrivent au niveau de la crémaillère entre le second et le troisième cadre. Dans cet espace plus étroit, de chaque côté de la ruche, on va utiliser des barettes plus courtes et, de chaque côté de la ruche, on va utiliser deux barrettes et non plus des cadres. Les six cadres restant sont des cadres à jambage avec juste une amorce de cire. Les parois de la ruche sont griffées afin de stimuler l’enduisage de propolis.

Le couvre-cadres, est revu totalement. On utilise une hausse avec des planchettes pour retrouver la forme octogonale du corps. A mi-hauteur, on fixe une série de barrettes avec des amorces de cire. Sur la tête des barrettes, on tend une toile épaisse de type coton que l’on va recouvrir d’un isolant laissant passer l’humidité (copeaux de bois …). On placera de petits ponts sur le haut de la hausse pour qu’il reste un petit espace entre le toit et les parois de la hausse afin de permettre une légère circulation d’air. Les abeilles vont bâtir ces petits cadres et y stockeront du miel qui constitueront une réserve permanente.

Le plancher est également complètement revu. On prend une hausse sur laquelle on place en bas une toile de type géotextile ou bidim qui a une certaine résistance et qui laisse passer l’humidité. On placera par dessus, jusqu’à mi-hauteur de la hausse, du bois en décomposition qu’on peut retrouver dans le creux des vieux arbres. Cela constituera un espace de vie pour une micro-faune qui se chargera de consommer les déchets de la ruche et qui pourra venir en aide aux abeilles. On peut espérer y trouver des pseudo-scorpions, des champignons…


Le trou d’envol, s’il n’est pas présent sur le corps de ruche, peut être découpé sur le haut de la hausse plancher (pas trop grand : ± 7X2 cm). La planche de vol n’est pas souhaitée. Les abeilles n’en ont pas dans la nature.

Il reste à y installer un nouvel essaim l’an prochain qui, nous l’espérons, bâtira ce nouvel espace. Ce qui est présenté ici est un essai que nous avons débuté au CARI cette année mais qui devrait réellement se développer l’an prochain. Il faut éviter d’y introduire tout produit avec des incidences négatives sur ce nouveau milieu de vie.