FICHE MATERIEL : Les ruches appâts

Agnès FAYET avec la contribution de François GOGET

Récupérer des essaims n’est pas sans intérêt, particulièrement pour les apiculteurs qui ne peuvent assurer une surveillance très rapprochée de leurs ruchers. C’est pourquoi nous proposons un petit point technique sur les ruches appâts.

Choisir le « sur mesure » ?

Si les bricoleurs aiment bien réaliser leur propre modèle de ruche appât, il est possible d’utiliser une ruchette et même une ruche dans certains cas, bien que le poids puisse être un frein pour des installations en hauteur. C’est du « prêt-à-porter » apicole qui a l’avantage de correspondre parfaitement à votre matériel pour le transvasement de l’essaim. Choisir de faire du « sur mesure » a l’avantage de permettre de se rapprocher au plus juste des besoins des abeilles que rappelle le chercheur américain Thomas Seeley (1) :

Ruche appât pensée par Thomas Seeley dans le respect des préférences des abeilles
Ruche appât pensée par Thomas Seeley dans le respect des préférences des abeilles

Hauteur du nid : 1-5 mètres
Surface de l’entrée : 12,5-75 cm2 (majoritairement entre 10 et 40 cm2)
Position de l’entrée : plutôt en bas du nid (développement du haut vers le bas et latéral si cavité horizontale)
Direction de l’entrée : plutôt Sud
Volume de la cavité : 10<40>100 litres (majoritairement entre 30 et 60 litres)

Thomas Seeley a proposé un modèle de ruche appât (cf. schéma 1) qui peut être adapté aux dimensions de votre type de ruche pour faciliter les opérations apicoles futures (cf. schéma 2 - Ruche Seeley adaptée au format Warré).

2 - Ruche Seeley adaptée au format Warré - Dessin de F. <span class="caps">GODET</span>
2 - Ruche Seeley adaptée au format Warré
Dessin de F. GODET

Si vous optez pour le « sur mesure », pensez à la récupération : cela fait baisser les coûts et évite les grosses déceptions en cas de vol ou vandalisme.

Comment l’équiper ?



Si l’on se réfère encore aux travaux de Thomas Seeley, les abeilles préfèrent les cavités précédemment habitées, les sites de nidification éloignés de plus de 300 m de la colonie mère, des cavités plutôt cylindriques et des parois recouvertes de propolis. Les sites bien exposés et bien visibles sont naturellement occupés plus vite puisque les abeilles les trouvent plus facilement. Pour rencontrer les préférences des abeilles, il est important que la caisse ait déjà été peuplée : les odeurs de miel, de cire et de propolis seront attractives pour les essaims. Rien n’interdit de passer l’intérieur de la ruche appât à la flamme pour raviver les parfums. Pour affiner l’attractivité, placez à l’intérieur, au centre, de vieux cadres sains un peu noirs ayant accueilli du couvain et ajoutez quelques amorces en périphérie pour faciliter le travail des futures habitantes. Certains appliquent des leurres olfactifs que l’on trouve dans le commerce. Certaines plantes attirent les abeilles comme la mélisse, la verveine ou la citronnelle, plantes dont les feuilles froissées peuvent être passées sur les parois de la boîte. Certains apiculteurs aspergent une « eau de cire » noirâtre constituée d’un macérât de vieux rayons avec pollen ayant été bouilli puis filtré. Chacun fera son expérience et il y a presque autant de recettes que d’apiculteurs. Les leurres quels qu’ils soient, sont à rafraîchir régulièrement pour conserver leur efficacité.

Où placer la ruche appât ?

La ruche appât sera placée idéalement à l’abri des vents dominants, en lisière de forêt ou dans une haie, à environ 5 mètres du sol et à 300 mètres de votre rucher à vol d’abeille. N’oubliez pas de demander toutes les permissions nécessaires avant de le faire : question de « bon voisinage »… Le lieu sera idéalement ombragé tout en laissant passer la lumière. Veillez aussi à l’orientation qui a son importance. Un point d’eau dans les parages est un plus. Attention à la stabilité de la ruche si vous la placez dans un arbre ! Vous pouvez aussi utiliser un toit, une terrasse, un mur, n’importe quel support en hauteur (2). Dans tous les cas, soignez bien l’arrimage (3) ! Une légère inclinaison vers l’avant facilitera l’évacuation de l’humidité.

Quand vous avez remarqué la présence d’un essaim dans la boîte, laissez les abeilles s’installer quelques temps avant de les déménager dans votre rucher et faites-le en prenant des précautions du fait de la fragilité probable des constructions. Au rucher, pas de précipitations non plus avant d’enrucher l’essaim. Une dernière chose : visitez fréquemment vos pièges ! Ne les laissez pas trop longtemps en place s’ils sont inoccupés : la fausse-teigne peut facilement s’y installer. Retirez-les quoi qu’il en soit à la fin de la période d’essaimage. Les règles sanitaires d’usage en apiculture s’appliquent aussi aux ruches appâts qui seront nettoyées et stockées dans un endroit sec et aéré.

Références :